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23 mai 2009 6 23 /05 /mai /2009 09:03

...
 

Urbano : C'est vrai je me souviens de ta mélancolie. Avec un pseudo pareil ( Von Èmerien) pouvait il en être autrement, il ne te restait que des choses à détester.
Ton accomplissement ne viendrait qu'en pouvant modifier ton pseudo en : Von  Èmenihèrien...
La Voie était amère cet été là.... Ma Voie était de miel mais dans le miel se cache aussi le pollen de la ruta gravéolens et de  l'artémisia absinthium.........
Nous ne sommes pas allés au bout de nos ambitions. Lâches nous avons préféré trouver refuge dans les valeurs traditionnelles en prétendant les bousculer. Mais bousculer des valeurs c'est les reconnaître.....
Nous n'avons pas considéré l'ensemble de notre travail comme notre Travail. Mais la mode était autre..... c'était la figuration libre...
L'aliénation de l'image par l'image !!!!
Mais nous oeuvrions tout de même ! Nous Oeuvrons ! C'est ce qui fait toute la différence! Nous nous prenions pour des artistes peintres ou sculpteurs alors que nous sommes des Artistes. Nous avons toujours détesté ces peintres qui peinturlurent pendant toute leur vie les mêmes figures, soit au fond de leur appartement minable ou dans leur gigantesque loft studio, dans l'anonymat et l'aigreur ou dans la gloire et l'orgueil. Pour eux tout est  et sera amer comme fiel car jamais ils ne seront dans l'Oeuvre.
Buvons !!! 

Joaquim: Oui mais juste un doigt....

Urbano : Pour commencer....


Joaquim: Les évènements se bousculèrent au mois de septembre, d'abord Catherine Issert qui nous propose une expo. En même temps on ferme la boutique et on emménage dans l'espace ainsi libéré un atelier plus grand. Nous achetons une grande planche d'aggloméré que nous plaquons sur le mur en pierre apparente et c'est reparti pour de la peinture à la chaîne. C'est à cette époque que nous peignons la série sur Ulysse et compagnie...
Donc La Catherine, avait à peu prés la quarantaine séduisante, encore sans enfant, plus pour très longtemps car elle venait de rencontrer Francis dont nous reparlerons plus tard. C'était la fille du Maire de St Paul de Vence et elle avait aménagé à l'entrée du village, dans un ensemble immobilier construit par son papa en face de la Colombe d'or, une galerie d'art très contemporrain.
 A l'époque elle exposait aussi bien les survivants de Support Surface comme Pagés que les jeunes loups de la figuration libre comme Dirosa, Boisrond, Blais et aussi les vieux de Fluxus comme Ben,  Filliou ou Broothears, mais encore les expressionistes allemands comme Elvira Bach et j'en oublie car ça tournait vite Chez Catherine. Elle se devait de rester dans le coup pour chauffer aussi bien le bourgeois branché de la Côte que le touriste Jet Seteur. Elle tentait donc d'exposer tout ce qui se faisait de plus Up to Date. 
Pour nous ce fût un bon coup, en tout bien tout honneur....peut être pas l'honneur...
Donc nous exposâmes en septembre, une série de peintures dites "Destroy painting", mais Catherine n'aimait pas ce nom.  Peu importait, l'ensemble très flash, très coloré, trés en mouvement envahissait l'espace de la Galerie sans trop d'effort.
Catherine nous fit dessiner les invitations une par une...par économie? Et puis peindre une vraie toile avec de la bonne peinture qui ne puait pas comme la nôtre et avec laquelle elle fit un rideau pour cacher son bureau un peu en bordel.
Juste avant l'exposition nous lui montrâmes les petites sculptures que nous faisions avec des bouteilles en plastique et des canettes en alu. Elle les adora et les installa sur des socles au milieu de la Galerie. Du coup il ne restait plus beaucoup d'espace pour la peinture massive sombre et dégoulinante d'huile de Daniel Roth. De plus Catherine et Jennyfer, son assistante, l'esquintèrent en la déroulant car cette saloperie de toile post moderne n'était pas encore sèche. La peinture sauvagement tendance resta collée sur le papier de soie qui devait la protéger. Enfin Daniel Roth découvrant l'expo commença à tirer la gueule car la violence de nos couleurs remplissait l'espace et semblait éclipser SON oeuvre. Nous même n'étions pas en reste côté couleur car nous commencions à prendre l'habitude de nous habiller de manière singulièrement voyante, ce qui nous attira immédiatement, lors du vernissage, l'attention du public et surtout des homos.
Bon je te laisse un peu parler de tout ça, car sinon tu vas encore causer de ton harem.

Urbano : Oui je me souviens, cela nous avait fait marrer intérieurement beccause Catherine faisait grise mine, je crois que nous avons quand même laché une vanne..... Oui je vais parler encore harem... les peintures sur l'Illiade et Odysséus et le cycle arthurien ont été réalisées l'été car je me souviens d'avoir peint Karine en Pénélope et de lui avoir montré et Viviane en fée homonyme ....

Joaquim: Certes puisque nous en avons exposé sept ou huit de 150X100cm, chez Catherine...Pour la série sur les Chevaliers de la Table à la con, nous les avons montrées chez Ben lors d'un " Pour ou Contre". Nous avons eu des problèmes avec un critique d'art à cause de minuscules roues du char du soleil qui étaient peintes sur le fond d'un des tableaux.

Urbano : Oui.... les "pour ou contre" de chez Ben, nous étions ravis et bouffés de trac d'y être. Nous avons essayé de nous la jouer super décontractés. Pendant 3 minutes nous avons bafouillé des réponses qui se voulaient modernes à des questions sans grand intérêt mais sentencieuses de la part du Maître et de ceux qui voulaient lui plaire, puis ce fut le tour d'une autre victime d'être sous les projos... un bizutage en somme.......

Joaquim: Lors de ce "Pour ou Contre" de l'été 83, il y avait deux artistes de Biot (06): Dermit et Sekler des petits minets disco qui revenaient de New York.
Ils présentèrent des peintures qui étaient des copies parfaites de Keith Haring...Mais à ce moment et dans le public,  personne n'avait encore vu les peintures du graffitiste new yorkais aujourd'hui bien connu...Et la plupart des présents trouvèrent les oeuvres fort originales. Ce qu'il y a de marrant dans l'histoire c'est que devant toute l'assemblée le critique important de la soirée qui venait de Paris (excuse du peu!) qui était en quelques sorte la guest star du show, se précipita pour leur acheter leurs oeuvres!

Urbano : preuve de l'existence de Dieu......

Joaquim: Dans ce cas il n'était pas du côté de notre porte monnaie ce soir là, car personne ne nous acheta quoique ce soit....ON nous fit même des réflexions fort désagréables sur nos peintures.
En y repensant, je crois que notre situaton a commencé à s'améliorer le jour où nous peignîmes "Satan Pact", n'est-il point?

Urbano : Faire appel aux anges du Créateur c'est en appeler au Créateur... La Vierge-Mère et Reine des Cieux ne pouvait rester insensible.... Je soupçonne les femmes de nos familles d'avoir prié Sainte Rita !!!
L'expo chez Catherine nous a dégagé de la masse des barbouilleurs niçois et attisé une certaine jalousie chez ceux qui courtisaient les marchands depuis Support Surface.
Nous avons été salué avec presque de la politesse lors des vernissages et autres manifs du genre à Nice..
Puis Catherine nous a informé qu'elle emportait des peintures à la Foire Internationale d'Art Contemporain au Grand Palais à Paris...

Joaquim: Avant de parler de notre premier voyage professionnel à Paris à l'occasion de la FIAC de 1983, il me reste à dire que, chez Catherine Issert en septembre, nous fîmes notre première vente et nous en fûmes fort surpris. Non pas que nous n'espérions pas vendre, mais nous ne nous attendions pas à vendre une petite fusée minable vaguement ébauchée dans une bouteille en plastique rouge et jaune et quadrillée par une imitation imparfaite de plaques de blindage boulonnées. Catherine la vendit
à un couple d'artistes;  Romeda et Courtright qui la payèrent 600 francs. Cette somme nous parut énorme  car nous avions mis des fusées et aéroplanes du même genre, sans succés, en vente dans notre boutique de Gorbio pour 150 francs. Mais comme Marcel l'a si bien dit (je cite de mémoire): "Une oeuvre d'art c'est n'importe quoi, mais au bon endroit."

Urbano: En effet ! C'était une vente inespérée et qui acheva de nous faire croire que nous étions des artistes et que notre talent allait être reconnu et la richesse se pointer : grands ateliers, villas avec piscines, chalets,  studio- lofts  dans des grandes villes étrangères, belles voitures et motos, grandes fêtes, Carlotta toujours...bientôt... la devant nous tout près.... ENFIN !!!!!

Joaquim: Ouais...mais en attendant on s'est dit qu'il fallait peut être suivre le rouleau de nos peintures que Catherine Issert emporterait à la FIAC. Et là, il a fallu s'organiser! Bon moi j'avais un peu de francs de côté et j'ai pu me payer un aller retour SNCF pour moins de 25 ans en 2ème classe...
Mais toi... tu avais dépassé la limite d'âge et ton porte monnaie tu l'avais sérieusement vidé, alors t'es monté en stop.
Et puis pour loger, pas question d'hôtels tous frais payés ou d'accueil chez le bourgeois mécènes! Non! Nous avons contacté Jean Marc Pelé, et oui, ce bon vieux Casanova de Maisonneuve, cofondateur du GAVE qui habitait à Paris dans un deux pièces dont il était propiétaire!

Urbano  : Anna m'a déposé au péage de La Turbie. On m'a pris assez rapidement, puis j'ai attendu 4h à la sortie d'Aix en Provence et un Black dans une camionnette rempli de vieux et chers meubles m'a trainé jusqu'à Paris après une halte en Touraine pour dormir 5 h dans le véhicule. Arrivé à Paname je l'ai suivi chez son patron : un restaurateur important.. j'ai bouffé un steack frites offert avec un ticket de métro et je suis allé chez Casanova. Chez lui les punks étaient rois, ça shoutait, ça fumait, ça picolait... j'ai retrouvé des gars que j'avais vu lors de mon séjour précédent... celui qui se tartinait les fringues à l'huile de sardine ou de maquereau
sortait avec la copine de Fabienne qui elle zonait ailleurs... Le leader de Bernadette Soubirou et ses Apparitions, crète rose, short rose, marcel rose, rangeos rose, le tout  bien imbibé d'héro blanche..... Et Casanova en pantalon noir, marcel noir, casquette de vigile sur le crâne se balançant... Il avait installé une balançoire accrochée à un poteau d'échafaudage planté à l'horizontale  dans les murs d'un coin de sa chambre (la 2me pièce)..... Il n'en croyait pas ses yeux  :  j'étais là.

Joaquim : Bon je suis arrivé un peu plus tard...tu étais déjà là, chez "l'esprit du Gave", le rat comme on le nommait aussi...Il était surpris le Jean Marc dit Casanova. Surpris que notre délire de petits provinciaux ait pris cette tournure. Il n'était pas Parisien pour rien celui là...fatalement les provinciaux sont des péquenots...et nous avec.
Comment avions nous pu en arriver là? Alors que lui si malin....puisque Parisien...
Au bout d'un temps de réflexion, il me confia que nous avions de la chance car en province il y avait moins de concurrence...fatalement avec tous ces cons qui y habitent...Alors c'est comme ça qu'on avait pu émerger.
Pour la came, je ne me souviens pas que Jean Marc se shoota déjà en 1983, mais c'est vrai, ça n'allait pas tarder...A cause de nous peut être? Nous lui donnions une raison de plus pour désespérer.
Mais en attendant notre séjour me parut très agréable ; entre nos visites au stand de Catherine Issert à la Fiac où nous vendîmes une peinture pour 2000 francs et la fête permanente qui se jouait chez Jean Marc, la réserve à souvenirs se remplissait à vue d'oeil.

Urbano :  En effet. Je me souviens de deux nénettes mignonnes, avec des visages de poupées de porcelaine... qui se promenaient à moitié nues revêtues de chemises d'hôpital et qui étaient en HP. Elles étaient attirantes et inquiétantes, mélangeant drogue, alcool et cachets.... Puis j'ai revu une dernière fois Karine...Tiens à propos tu te souviens, avant la FIAC, avec Karine nous étions allés voir Miello dans son village, il voulait à tout prix s'associer avec nous pour faire un coup, il nous a exhibait des galets en plastique nous disant que c'était un produit promis à un succès commercial incalculable et qu'il souhaitait nous avoir comme investisseurs et associés. Karine roulait des joints chargés comme des mules de passeurs afghans. Nous buvions aussi....Miéllo m'avait paru si loin de nous que cela m'avait attristé profondément même si une fois partis de chez lui j'avais appuyé son "cassage" en règle......

Joaquim :
C'est moi qui conduisait ce jour là, comme toujours d'ailleurs, et la montée vers ce village de Coaraze m'avait semblé interminable. Le retour aussi d'ailleurs. Dans la voiture tu avais été sévère avec Miello, pourtant je le trouvais sympa même si je n'avais pas envie de m'occuper de galets en plastique... A cause de cette tordue de Karine il était complètement raide et il nous parla pendant des heures de sa psychanalyse et surtout de ses peintures de Fenêtres dont il donnait un interprétation très Lacanienne de son évolution positive car elles révélaient que "le Feu était en train de Naître en lui". D'ailleurs maintenant je perçois le côté lacanien de sa proposition; les galets...les gars laids? Ce gars qui était psychomotricien sans emploi, comme moi, a fondé une maison d'édition à Nice.
En 2000 je l'ai croisé sortant de ses bureaux dans une rue de Nice, il n'avait pratiquement pas changé, mais il ne m'a pas reconnu et j'ai poursuivi mon chemin comme si de rien n'était....je suis si timide parfois.
Un jour chez Jean Marc une des filles dont tu parles mais qui dans mon souvenir n'a pas un visage de poupée de porcelaine mais de Junkie, revenait de chez un coiffeur visagiste et je me revois l'écoutant stupéfait et un peu dégouté, vanter sa coupe de cheveux immonde tout en avalant un tranksen qu'elle faisait descendre avec de la bière.
Il y avait aussi une étudiante en première année de médecine au look assez BCBG, mais qui d'après notre hôte se prostituait sur les Champs Elysée. Elle dormait dans la première pièce, uniquement le week end, avec le chanteur punk des "Bernadette Soubirou". Je me souviens avoir contemplé, alors qu'elle dormait dénudée et lovée en chien de fusil contre son homme, sa vulve dégoulinante de foutre...Oh, juste un bref instant, au petit matin, en allant pisser dans les chiottes collectifs sur le palier.

Urbano : Charmante carte postale.... Je suis parti une nuit chez Karine. J'y ai pris, voluptueusement,  une longue douche chaude comme un antidote à la crasse matérielle et spirituelle qui régnait chez Jean Marc. Nous avons découvert à la FIAC que Boiron peignait un peu comme nous, que Combas et Di Rosa,  et Blais  étaient "tendance". Nous avons flashé sur des scupltures hyperréalistes américaines représentant une junkie devant un tv déréglée, avec son gosse regardant une bd et un autre couché plus loin dans un coin du stand dormant à l'abri de la foule............

Urbano :  huuummmm....  j'ai du m'assoupir....!!  et toi aussi.....!!   sinon tu n'aurais  manquer de me réveiller promptement....!!
Et dans ma douce somnolence je songeais à des temps antérieurs à  ceux que nous narrons ici.... Des temps où Mencar, toi et moi nous étions promus empératrice et empereurs des horizontales, des verticales et des obliques...
Puis de certains soirs où chez Beb'z nous chantions. Des ballades pop-new-wawes sur une base de guitare sèche et de claquements de mains sur cuisses...
Il te serait facile de "casser" ces instants.  Peut-être n'étaient ils pas novateurs ? Mais la ballade est elle un genre moderne ? Pour ma part,  rien que le mot ballade suffit à me détendre.... Rien à voir avec les Clash !!!  J'ai le souvenir d'instants doux et vifs comme l'air des glaciers de mon enfance vers la fin juillet,...... le souvenir de paroles un rien décalées, de poèmes improvisés, d'alitérations,  d'airs simples de folk song, le souvenir d'une voix haut perchée et cristalline, de choeurs mâles feulant sous une hypothétique pleine lune, c'était très...... agréable, reposant et aussi dynamisant........ quelque chose de bizarre.......  quelque chose comme..... le bonheur..... peut être ? En tout cas c'étaient des instants où le temps suspendait son vol....
Allez!  rendors toi!  ce n'est qu'un rêve...... je n'ai rien dit....
Fais dodo Colas mon p'tit frère.....

Joaquim (ouvrant un oeil): Suis je donc un casseur à tes yeux?


Urbano : Non !!!  pas seulement... Allons  !
Seulement, ton cynisme,
est comme du vitriol concentré, et tu m'as habitué à te voir le déverser  parfois, sur les  douces fleurs bleues qu'il m'arrive de cueillir..... Si cela me laissait pantois aux premiers jours, j'ai pris l'habitude soit d'en cueillir deux brassées et d'en garder une au frais, soit de t'en montrer une en te disant de la flétrir..... Mais il me semble jouer semblable irritante musique de garde lorsqu'il t'arrive (rassure toi fort rarement, La Déesse t'en préserve) de roucouler quelque bluette.... C'est ce qui nous rapproche en fait et ce ce que l'on aimait aussi chez Jean Marc qui lui arrosait abondament.... jusqu'à s'en percer les chaussures........

Joaquim: Cynique ? Peut être, mais alors au premier sens du terme: un modeste disciple d'Antisthène et Diogène de Sinope, un anticonformiste qui a une approche de la vie subversive et jubilatoire, un désespéré maniant l'humour noir et l'ironie  face à un monde incompréhensible et des humains hypocritement moralisateur, enfin un amoureux de la nature.
Mais je souhaite que tu ne m'associes pas aux cyniques contemporrains: les petits commerciaux, traders, politiciens, et autres directeurs des ressources humaines qui se servent de cette philosophie du renversement des valeurs morales pour justifier
leurs profits colossaux acquis au détriment des plus faibles.
Par ailleurs j'ai goûté comme toi aux joies du Baba Coolisme et de ses "balades", au bonheur des "bluettes"...Aujourd'hui encore il m'arrive d'écouter Neil Young gémir sur sa guitare ou s'énerver avec le Crazy Horse...Mais je reste aussi attaché à la vision du monde de Reiser, Bukowski, ou Cioran et je m'emballe encore sur un single de Devo...
Et oui Patrick, Frédéric n'est pas taillé dans un seul bloc, bien homogène.
Et si parfois, au cours de notre conversation...
je te charrie un peu,
c'est qu'en ami secourable,
j'essaie de t'éviter l'écueil de l'auto satisfaction.
Car elle ne soignera pas,
je le crois,
ta mélancolie chronique,
(que certains médiqueux appellent "dépression").
Et voilà, plouf plouf...


Urbano :  Eh bien te voilà en belle forme, pleinement réveillé.... surfant, naturel et souriant tout près du dit écueil...... Bien,  revenons à nos moutons (mytheux ?)..... Nous étions un brin déçus car nous pensions que Catherine avait compris que notre peinture était nouvelle et importante et qu'elle la mettrait en avant sur le stand reléguant tous les autres artistes dans la réserve....l'argent gagné nous remonta le moral. Jean Marc voulait que l'on reste, il voulait virer  tous les punks de chez lui et transformer son réduit en logement atelier pour nous trois.... Je suis rentré en stop. Vers 22h on m'a laissé sur l'autoroute du côté de Toulon, sur la bande zébrée de la bretelle de sortie, Anna m'avait prêté un sac de spéléo pourvu d'une bande réfléchissante, une chance... J'ai attendu une heure puis j'ai commencé à marcher sur la bande d'arrêt d'urgence, le temps passe plus vite pour moi quand je marche et puis j'aime ça marcher. Plusieurs kilomètres après, un niçois m'a repéré dans le noir et m'a embarqué jusqu'à Nice. J 'ai failli aller dormir chez Viviane mais je ne savais si elle était dispo... j'ai pris un train de nuit jusqu'à Menton et je suis monté à pied au village. Le lendemain nous triomphions dans notre cercle privé d'admirateurs-trices. Puis il fallut envisager de voir venir la bise.... l'été allait mourir, à l'indienne et les brouillards froids de novembre allaient être son linceul.

Joaquim: Ooooo!!! L'Homme! Trop pressé de triompher sur la place de ton village tu oublies quelques détails d'importance.


Urbano :  Certes ! Mais si je dis tout que te reste-t-il ?

Joaquim : Rien que la voix off commentant le spectacle...
Mais ça ne sera pas pour cette fois, car je reprends le récit de nos aventures en cet automne 1983.
Ce qui ma renversé comme un fétu de tôle sur l'asphalte bouillante de la vie, c'est que je suis tombé dans le panneau de la stratégie artistique et ce "splash" dans la glue de la raison me poursuivra pendant des années...Je me suis comparé à nos collègues artistes en arpentant la Foire Internationnale de l'Art Contemporrain dans tous les sens, en observant, évaluant, soupesant, le nouveau, le bon, le choc, le vrai, le plaisant...et retournant m'affaler dans les fauteuils de l'arrière stand de Catherine Issert les pieds fumant dans mes bicolores pointues, les yeux rivés sur notre peinture exposée, je m'interrogeai: "Que faire? Oui, que faire pour émerger dans cet océan d'Art, varié, puissant, ronflant, écrasant?"...Notre petite "Destroy Painting", ces petites peintures (1mX1,50)  de figures superposées, quasiment illisibles pour la plupart des spectateurs n'y parviendraient pas..Il faudrait autre chose...Oui mais quoi?
Le coup de grâce vint d'Yvon Lambert. Son stand directement en face de celui de Catherine Issert offrait à un public cousu d'or mais discret le "top de la tendance d'en haut". Nous tentâmes une approche. Après deux minutes trente de conversation polie sur nos origines, Yvon nous déclara qu'il n'avait pas le temps qu'il valait mieux venir le voir plus tard à sa Galerie. Puis voyant que nous nous attardions l'oeil vague sur son stand, il nous demanda d'un ton sec : "Vous souhaitez acheter quelque chose?"  Nous filâmes nous réfugier en face chez maman Catherine mais décidâmes d'aller  visiter  Lambert  après la Fiac.
Avant la fin de la Foire, Jean Marc daigna quitter son deux pièces pour nous accompagner...Après une longue visite il s'affala à son tour les pieds en miettes dans les fauteuils de l'arrière boutique de Catherine, et me dit simplement: "Ya pas beaucoup de sculptures..." Cette remarque allait faire son chemin dans nos cerveaux encombrés...

Urbano : Oui, mais pas tout de suite.....

Joaquim : Avant de quitter la capitale nous demandâmes à Catherine le rouleau de nos peintures qu'elle avait amené. Elle accepta en faisant la moue de celle qui a compris que nous tentions déjà de la trahir. Le monde de l'Art est impitoyable. Il le fût pour nous aussi dès que nous entrâmes dans l'IMMENSE GALERIE d'YVON LAMBERT. L'homme affable était là, mais semblait fort occupé. Il nous demanda de revenir. Mais j'insistai car je voulais retourner dans mon pays pour prendre une douche et laver mes vêtements. Il daigna donc jeter un regard distrait sur les peintures que nous étalâmes sur son sol de grés frisé à l'or fin. Nous expliquâmes notre travail. Il s'agissait de tableaux illustrant l'Enéide. Yvon nous félicita pour nos lectures et nous congédia.

Urbano : Même pas con-descendant......

Joaquim : Il ne me restait plus qu'à rentrer me laver à Gorbio en transportant dans le train le lourd rouleau de nos peintures qui s'était enrichi d'un paquet d'affiches de Patrick Sébastien trouvé dans le Métro. Tu ne pouvais pas t'en charger toi qui rentrais "en stop"... Ce fût très dur surtout dans les changements... à Marseille au lieu de changer, je suis resté dans le train qui a été envoyé sur une voie de garage. Les syndicalistes de la SNCF qui m'ont vu surgir bizarement accoutré et trainant un énorme rouleau de papier alors qu'ils inspectaient les wagons, s'exclamèrent: "Mais c'est quoi ça?" C'est de moi qu'ils parlaient c'est deux cons. J'étais donc tombé si bas que même mes camarades ouvriers ne me reconnaissaient plus que comme un "ça"? Ils me firent descendre sur le balast et remonter les voies à pied sur au moins trois kilométres. Enfin j'atteignis le bout des quais qui, à Marseille, sont vraiment très longs, peut être deux kilomètres. Je devais puer mille morts quand je m'assis à côté d'une mamie en partance pour sa place réservée dans un cimetière de la Côte d'Azur
car le nez plissé la grand mère se tourna vers la fenêtre. Il n'est pas conseillé de suer dans des vêtements pas lavés depuis quinze jours. J'évitais donc une pénible conversation sur les mérites comparés de ses petits enfants.

Urbano : Finalement, tant qu'à marcher t'aurais du rentrer en stop......

Joaquim : Et merde!!! J'ai oublié de parler du déménagement que nous avons fait avec Jean Marc et ses amis chez deux gouines à St Ouen...


Urbano : Jean marc bossait de temps en temps avec Eddy, un créole qui faisait des petits déménagements au "noir".... Ce soir là il était passé chez Jean Marc et lui avait proposé de bosser une journée. Jean marc nous convainquit de les accompagner. Un quartier sordide, une maison sordide, un appart sordide et sâle,  des odeurs de petite vie de fourmi et de friture, une bonne femme  du peuple épuisée avec des cernes sous les yeux  et un grand ado nouille à coté d'elle, un mobilier minable, à jeter mais qu'elle ne pouvait remplacer  et qu'il lui fallait trainer jusqu'à son nouveau terrier..... et un godemiché dans un sac  sur une armoire en sciure et colle de style contemporain, usée et branlante..... ....
 Une bonne suée, des rires, des maux de dos et de mains... et quelques billets de 100 francs.
Les affiches, nous les avons piqué, en passant d'un couloir de métro  à un autre, à une équipe d'afficheurs qui devait faire une pause ou être aller chercher le reste du matériel... nous avions pensé qu'il ne fallait surtout négliger ce don du ciel en papier.... le rouleau de canson acheté par ta mère allait s'épuiser....

Joaquim : Dans notre cave atelier les murs épais avait conservé la tiédeur de l'été, nous pûmes donc nous remettre au travail. Sur les affiches ramenées de Paris, Patrick Sabatier étalait en gros plan son sourire étincelant, mais un peu niais. Connaissant l'intelligence de ce personnage haut en couleurs,  je pense que cet air un peu abruti qu'il se donnait sur ces clichés, était censé séduire une partie de la population à la quelle nous n'appartenions pas. C'est donc avec plaisir que nous lui recouvrîmes le visage de peinture.
Nous avions titré l'une de ces peintures "Paysage provençal", c'était un enchevêtrement incompréhensible de formes et de couleurs rappelant vaguement les nappes des restaurants provençaux. Brigitte, la meilleure amie de Carmen, eut la bonté de nous l'acheter 1500 francs.


Urbano :  C'était bonheur complet..... Je me suis installé chez Anna...  Puis comme l'argent ne rentrait plus, je ne sais plus si j'ai bossé chez "Pastor bâtiment travaux publics" ou si  nous avons postulé chez "Henri Vincent nettoyage en tous genres".....

Joaquim : Chacun son infirmière diplômée d'état, toi chez Anna, moi chez Carmen, à croire que nous avions besoin de soins...Travaillais tu déjà quand nous avons fait le premier mannequin en bois que nous avons habillé avec nos fringues pourries et sauvagement peintes?
Au départ Catherine Issert voulait que nous puissions présenter dans sa galerie nos vêtements peints, ça lui plaisait notre style "Destroy post punk peinturluré". Finalement notre mannequin s'est transformé en sculpture. En arrivant dans la Galerie accompagnés de notre sculpture humanoïde de 2m de haut que nous avions baptisé Georges, le succés fût immédiat: Jennyfer et Catherine èclatèrent de rire. Et Georges fut aussitôt exposé.


Urbano : J'ai travaillé chez Pastor l'hiver, je me souviens j'avais froid, nous faisions des feux avec du bois de chantier dans un gros bidon.... Il me semble que nous avons exposé en hiver aussi.. il faisait frais nous avions conçu des vêtements pour l'occasion. Anna m'avait aidé et passé un tissu orange à multiples rayures,qui ornait un de ses canapés, dans lequel nous avions, Anna et moi,  taillé un sorte de salopette et un spencer à manches ultra larges... j'avais bombé un quadrillage noir dessus.... et peint mes chaussures début  des années soixante j'étais sensé être habillé en Merlin et toi en Roi Arthur avec un pantalon que tu avais cousu dans un tissu provençal et une sorte de tunique réalisée dans un pantalon recousu puis durçi et peint d'écrous et de plaques..... et tes boots noires peintes... Éric le fils d'Anna avait un tee shirt qu'il avait bombé et une plaque d'immatriculation autour du cou... Il avait smurfé sur les tables à la fin du repas de vernissage... Sosno avait tapé le rythme dans ses mains...Catherine riait.....
Avant nous avons rencontré Goalec  qui venait faire  des photos du vernissage, de nous et de Georges .... Nous avions posé comme des stars de rock !
Viviane s'est tuée, en auto, avec sa fille, sur la Prom's... Je ne sais plus si c'était avant l'expo ou après...
c'est un anniversaire que je ne fête jamais !

Joaquim: Celui de notre première expo personnelle
ou de la mort de Viviane? En ce qui concerne cette dernière et d'après Anna, elle avait l'habitude de conduire très vite au volant de sa "4L"  pour se défouler. C'est peut être comme ça qu'elle s'est tuée, mais je n'ai jamais su comment exactement...et honnêtement je trouvais que ça ressemblait à un  suicide. Paix à son âme et et à celle de sa fille...
Revenons à nos moutons vespasiens.
La première expo personnelle du GAVE chez Catherine Issert a eu lieu en février 1984, au moment du carnaval de Nice, et son titre n'était pas "Merlin et le roi Arthur" mais "Joaquim et Urbano". Moi je n'étais pas habillé en Roi Arthur mais en président du GAVE! ¨
Au départ Catherine voulait faire une expo collective d'artistes niçois avec Ben sur le thème du carnaval. Cet hiver là, Ben m'avait embauché comme assistant et je me souviens qu'il me demandait des nouvelles de l'expo collective sur le carnaval, alors je lui ai dit qu'il n'y aurait pas d'expo car c'est nous, Le GAVE, qui allions exposer seuls. Il a fait une de ces tronches complètement ébahie. Annie, sa femme, s'est mise à rire et lui a dit un truc du genre: "T'as vu Ben les petits jeunes comme ils vous ont doublé..."
En vrai pendant que tu faisais le manoeuvre sur les chantiers, j'avais travaillé comme un fou à l'atelier et produit une grande quantité de sculptures en vêtements durcis à la colle et peints et d'autres avec des bidons en carton de grande taille que nous avions trouvés dans des poubelles à Monaco. Tu me rejoignais le week end  pour parfaire le travail. Catherine est venue à l'atelier en janvier et c'est ce jour là qu'elle a décidé de monter l'expo. Quand tu as vu la tournure que ça prenait, tu t'es mis en congé de maladie et c'est comme ça que nous avons terminé les tableaux en filets à olives et en vêtements peints. Enfin comme tu trouvais que les personnages que j'avais créés étaient trop mous (il fallait les suspendre ou les coucher),  tu  es descendu chez Yves, le maréchal ferrant de Gorbio, pour lui faire souder des barres de fer à béton et tu as fait deux  sculptures:  un chien jaune debout sur ses pattes arrière et un diable rose cabriolant sur ses mains avant.
Je me souviens comme si c'était hier de toutes les sculptures qui étaient dans l'expo et si tu veux je t'écris la liste et leurs descriptions.

Urbano :  Oui, merci c'est gentil ! La genèse des personnages en fringues durcies et peintes est la suivante  : je vivais chez Anna qui partait tôt bosser à l'hosto.... et en rangeant la chambre  dans la matinée, je m'amusais à placer sur le lit son pyjama et le mien bien étalés et pliés en forme de personnages s'envoyant en l'air, chaque jour une nouvelle position du kamasutra était illustrée.... Cela faisait marrer Anna, je voyais cela comme une preuve de tendresse érotique..... et  je t'ai montré ça un midi  où tu étais venu me chercher. On s'est dit qu'on allait essayer d'en faire qui puisse être exposés et conservés. Nous avons  pas mal réfléchi et nous avons  décidé  de les coudre en forme puis de les badigeonner largement de peinture vinylique bon marché (toujours notre souci monétaire) puis  une fois secs de les peinturlurer avec de la glycéro de base. Comme nous ne savions   comment  les faire tenir  sur un mur,  nous avons  opté pour le filet plastique à ramasser les  olives, sur les morceaux duquel nous cousions les personnages.... Nous étions assez fiers de notre trouvaille......

Joaquim: Exact!!! Nous avons fait deux pièces murales avec cette technique, une que Catherine Issert a choisi pour sa collection et l'autre... qu'est-elle devenue? C'était des oeuvres assez grandes, non? Ceci dit ce ne fût qu'une courte étape nous avons rapidement abandonné les filets à olives...pour ne garder que les vêtements durcis.


Urbano :  Je ne sais pas où est cette pièce... En effet assez grande, genre 3,50m sur 2m et des poussières. On peut en voir une sur BT2 spécial : le Diable, François  Goalec l'avait photographiée et publiée dans son interwiew... Il était venu  photographié le  vernissage à St Paul,  ensuite il est passé  à Gorbio faire une série de photos de nous, de l'atelier, de certaines pièces. Sympa François... nous sommes passés chez lui, nous avons vu sa peinture et écouté son histoire de peintre qui lâche le marché alors qu'on lui propose "la richesse et la gloire"  pour se faire  photographe et son épouse qui court de droite à gauche, colmater le navire familial criblé de dettes... Nous avions eu du mal à comprendre l'attitude de François que nous trouvions suicidaire, mais il nous avait touché quelque part au coeur.... Et puis se faire photographier cela nous flattait, nous pensions être sur le chemin de la célébrité... auparavant quand l'on nous demandait de poser pour des photos c'était dans des mariages ou autres fêtes de fin d'année...... En plus nous avions posé en grand déguisement comme des rockers.... Et ça c'était enivrant !!!!!!

Joaquim : Hé oui...François Goalec et sa pipe au bec, il nous photographiait de prés avec un grand angle, résultat on était complétement déformé sur ses clichés...comme ça disait -il vous ressemblez plus à vos sculptures...un peu monstrueux, mais sympathiques.
Il nous avait photographié à Gorbio, et  j'avais apprécié son reportage en noir et blanc qui faisait ressortir notre côté punk-campagnard, délirant, poétique mais un peu sombre aussi...
Malheureusement j'ai cru bien innocemment que tous les photographes savaient rendre notre réalité avec autant d'acuité que lui...Hélas, il ne nous colla pas aux basques et disparu de notre univers au bout de quelques mois. Je n'ai pas compris à ce moment si c'était Catherine qui nous l'envoyait où s'il venait de son propre chef...Je crois qu'il aimait photographier les artistes tout frais, à leur début...que le reste de l'histoire n'avait pas d'intérêt pour lui...Peut être n'avait-il pas tort d'ailleurs, je trouve certains artistes pathétiques dans leur obstination à faire carrière, Buren, Combas, Sarkozy , pour donner quelques exemples. Je reste très populo dans ma vision de l'artiste:  "ce n'est pas un métier "
,"il ne sont pas là pour faire carrière", sont des phrases souvent entendues dans les milieux dont nous sommes issus qui, au delà d'un simple rejet, tentent de définir l'Art comme une activité qui doit s'émanciper de toutes les autres et surtout des plus répétitives et des plus aliénantes...Bon voilà que je m'emballe...

Urbano : mais tu ne t'emballes pas.... explique toi... vas y....

Joaquim: Mais non et oui je ne m'expliquerai pas, j'étais parti sur un mauvais délire....Comme le côté transgressif de la pratique artistique m'avait séduit ("l'artiste en rupture avec les conventions sociales et esthétiques"), je partais pour le pays du dogmatisme (avec moi ou contre moi). Hors, je m'en bats les couilles queue Ben, Buren ou Sarko pratique leur art comme bon leur semble...(Mais un artiste ne devrait pas faire de politique car il a tendance à vouloir créer un monde à son image. Ils sont nombreux à en faire...hélas pour nous pauvres administrés queue nous sommes.)


Urbano : je pense que culture et propagande se rejoignent, que  la vulgarisation  des modèles culturels des élites économiques de la société  qui est le moteur déterminant  de l'histoire culturelle (dans les sociétés historicistes évidement) arrive à établir une communication à double sens entre les cultures des différents niveaux sociaux : mouvement descendant dans un premier temps puis retour sous un aspect plus naïf ( on a pu dire folklorique).  Influence des élites par les mouvements novateurs s'inspirant de ces remontées, sophistication (certains diront récupération...) et rebelote.... processus par spirale... le rôle de l'artiste est moins fantasmatique du coup... soit il introduit dans la culture des élites des éléments issus de la culture populaire en les associant à des éléments forts de la culture des élites, soit il raffine des associations faites par d'autres. Mais comment cela a t il commencé ? qui de l'oeuf ou de la poule ...?

Joaquim: La démonstration est brillante (quid de l'auteur?), mais je ne comprends pas pourquoi tu démarres sur "culture et propagande se rejoignent". Est-ce dire que la culture est la propagande des élites, du moins dans le sens descendant "élites" vers "innommables" (car elles ne sont pas nommées  ces non-élites)?
L'autre phrase qui m'interroge est " le rôle de l'artiste est moins fantasmatique du coup", passons sur le jeu de mots lacanien que cela m'évoque (un coup fantasmatique..mmmh...) et revenons sur "moins fantasmatique"...oui mais moins fantasmatique que quoi? Pars-tu de ma dernière affirmation "un artiste à tendance à vouloir créer un monde à son image" donc un fantasme et non un objet culturel ? Si c'est le cas il y a méprise, car je voulais dire qu'un artiste faisant de la politique à tendance à vouloir le monde de ses contemporrains à l'image d'une de ses oeuvres, et comme l'artiste créent des oeuvres à son image, comme d'ailleurs toute personne s'exprimant n'exprime que ce qu'elle est ( même si l'artiste utilise  pour se faire des matériaux culturels qui comme tu l'as bien expliqué, sont signifiants pour différents groupes culturels...), cet artiste, passé à l'action politique, tente donc de transformer la société qu'il administre à son image...Mais je ne disais pas que c'est le rôle de l'artiste...Et quelques soit son rôle il ne peut être fantasmatique (même si l'oeuvre est aussi une émanation de ses fantasmes) à partir du moment où son oeuvre est vue...donc existe réellement...tout "ça" n'est plus de l'ordre du fantasme.

Urbano : d'après une réflexion de Duby, livre : la société chevaleresque, chapitre : culture et société, la vulgarisation des modèles culturels dans la société féodale.
Culture et propagande me semble-t-il se rejoignent aussi de nos jours, qu'on l'appelle art, publicité, communication, mode,etc,  toute production artistique flatte et construit  soit le modèle sociétal en place,  soit celui à venir !
Je disais fantasmatisque dans le sens porteur de fantasmes de génie impérissable. Aussi bien  pour le public, le collectionneur, le profane, le quidam, l'étudiant des beaux-arts, l'artiste. J'ai dit ça rapidemment, j'aurais du préciser. 
Sinon je suis d'accord avec ce que tu viens de dire sur les artistes passés à l'action politique.

Joaquim : Bon.

 
Urbano :  tiens t'en qu'a rester dans les citations : je pensais à une phrase que Michon fait dire à son "héros" François Elie Correntin, encore enfant, regardant les Limousins curer le canal bâtit par son grand père et répondant à sa mère qui lui disait "regarde ils font le canal"  par " mais ils ne font rien, ils travaillent.". A mettre en parrallèle : avec ton désir d'arrêter toute activité artistique si ça devenait l'usine.... avec toutes les fois où nous avons rencontré un soi disant artiste qui nous expliqua et explique parfois encore son travail qui s'articule autour de.... ou bien que c'est tout un travail sur.....
À cette époque nous ne travaillions pas nous faisions !!!
Nous étions très pauvres d'ailleurs et assistés par la la Grande Providence sous bien des formes...


Joaquim : M'interpelle l'emploi du passé exclusif dans: "À cette époque nous ne travaillions pas nous faisions !!!" J'espère que nous "faisions" encore aujourd'hui...Mais ce que je me demande aussi, c'est : Faisons nous des trucs qui ressemblent à des oeuvres d'art? "Si mon" instinct est fiable, je réponds oui....et toi?

Urbano :  je crois que nous faisons de l'art, par conséquent il en résulte parfois et aussi  des "trucs qui ressemblent à des oeuvres d'art"...

Joaquim : Il me semblait bien que les Truchi ressemblent à des oeuvres d'art...

           
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